Accroc et papillon ...3

Publié le par Dan Rodgerson

Mercredi

 

Ernest Galuchat se dresse sur sa couche en poussant un cri. Il ressent une douleur intense à l’œil droit comme si on y avait enfoncé un objet pointu. Autour de lui l’obscurité est totale. Pas tout à fait. Un rai de lumière vient frapper l’oreiller, à l’endroit où sa tête était posée. C’est ce qui l’a réveillé. La lueur vient de sa veste accrochée en face de lui. De l’accroc mal réparé.

« Ne s’est-il pas agrandi ? pense Ernest Galuchat. »

 

accroc et papillon 04


Il pose la veste sur la chaise au pied de son lit. La lueur disparait. Le mur est intact. Pas de trace de fissure.

Ernest Galuchat se recouche. Il ne sait le temps de nuit qui reste.


Un sifflement strident. 7h44. Les lampes qui s’allument automatiquement dans le singlapt ne l’ont pas réveillé. Le signal sonore pas davantage.

« Mon Dieu, mon Dieu, je suis en retard, en retard, grommelle Ernest Galuchat. »

Il marque un temps d’arrêt. D’où lui vient cette phrase. Et c’est quoi ce dieu dont il parle.

 

 

Il arrive à se glisser dans l’Administration par la porte réservée au public. Il a enfilé un manteau au dessus de sa veste pour ne pas être reconnu. Au 3ème sous-sol il ne croise personne. Il est toujours seul dans son bureau.

 

Il est à peine installé qu’une sirène se déclenche dans le bâtiment. Sa porte se verrouille automatiquement. Il suit les consignes de sécurité affichée au mur. Se glisser sous la table et attendre. Dehors la course rapide d’un homme qui s’arrête devant sa porte, y tambourine et hurle à travers le panneau : « Ouvre, Ernest ! » Il connait cette voix mais ne l’identifie pas. D’autres voix, une nouvelle course, des cris. Le silence. La porte se déverrouille. Ernest Galuchat peut retourner à son travail. Il cherche son crayon, ne le trouve pas. Il hésite puis ouvre le tiroir où Monsieur Mantelet range ses affaires. Son collègue est un homme prévoyant. Il a deux crayons en réserve posé sur le « Manuel de l’Employé aux Réforme des Formulaires ».

« Ce doit être un modèle ancien, se dit Ernest Galuchat. »

 

Quand il le prend en main, la couverture se détache et le livre tombe au sol. Ce n’est pas le Manuel qu’il connait. Un autre titre apparait : « Les oiseaux de passage ».

« Qu’est-ce que c’est des oiseaux, pense Ernest Galuchat. » Poussé par la curiosité il ouvre le livre et lit.


« Regardez-les passer ! Eux, ce sont les sauvages.

Ils vont où leur désir le veut, par-dessus monts,

Et bois, et mers, et vents, et loin des esclavages.

L'air qu'ils boivent ferait éclater vos poumons. »


Il referme le livre. Le glisse dans la poche intérieure de son manteau. Que faire, que faire ?

 

A suivre

 

accroc et papillon 03

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Q
<br /> Tu nous tiens en haleine !<br /> <br /> <br />
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S
<br /> Ah que les interdits sont tentants.. ça devient combat de morale. Ou de Ernest!<br /> <br /> <br />
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L
<br /> Je suis à quatre pattes sus la table<br /> Je tends le dos, les doigts de pieds recroquevillés,<br /> L'éventail n'est pas réellement de circonstance.<br /> Je croise les doigts.<br /> <br /> <br /> Si un oiseau passait ...<br /> <br /> <br />
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